« La transformation digitale, c’est 95 % d’humain et 5 % de technologie ! ». Pour accompagner cette mutation profonde, Michelin organise la Digital Week, dont la deuxième édition a réuni, du 29 novembre au 3 décembre 2021, 6 000 collaborateurs dans le monde entier. Aurélie Morel, Digital Transformation Leader de Michelin et chef d’orchestre de la Digital Week, revient sur les défis « durables » de cette manifestation 100 % digitale.
Transformation digitale et « tout durable » : ces deux objectifs sont-ils compatibles ?
Initiée en 2014, la transformation digitale concerne aujourd’hui toutes les activités de Michelin. Parallèlement, le Groupe porte l’ambition d’une stratégie « tout durable » à l’horizon 2030. La démarche du digital durable doit embarquer tout le monde pour éviter la fracture numérique et dans le même temps, diffuser les bons réflexes pour la protection de l’environnement.
L’engagement de tous est crucial pour favoriser l’acculturation aux nouveaux outils digitaux ainsi qu’à leurs usages. Cette inclusion est caractéristique d’une démarche durable.
Sur le terrain, le digital durable s’incarne par des actions concrètes dans l’ensemble de notre organisation, de la supply chain au marketing en passant par les métiers de production. Cela va de la réduction des impressions de documents aux usages des téléphones, au renouvellement des ordinateurs en passant, bien sûr, par l’amélioration de nos modes de production : réduction de l’usage de l’eau, des émissions polluantes…
On ne devient pas une entreprise verte du jour au lendemain. Pendant une première phase de trois ans, nous avons fait notre apprentissage pour maîtriser le sujet du digital durable. Un comité opérationnel « Digital durable » a été constitué, rassemblant des collègues de l’IT, de la R&D, des Achats, etc. Il est co-sponsorisé par le directeur IT et Digital du groupe ainsi que par son directeur Développement et Mobilité durables. Ce comité a enquêté auprès d’experts du digital et du durable répartis dans toutes les entités Michelin pour établir une feuille de route et un plan d’action.
Aujourd’hui, la digitalisation durable du groupe sert de moteur au développement de notre modèle stratégique mais aussi de notre modèle humain et social. Elle nous permet de faire des progrès dans toutes les dimensions de l’entreprise.
Comment le digital sert-il la stratégie « tout durable » de l’entreprise ?
Le digital durable est une recherche permanente de compromis pour atteindre un équilibre entre la performance (Profit), la protection de l’environnement (People) et l’épanouissement des personnes (People).
Aurélie Morel
Performance
Le digital est un levier de performance. Il nous permet de « faire mieux » dans une logique de développement maîtrisé tout en réinventant la manière dont les offres et les services sont commercialisés pour nos clients. D’ici 2025, 30 % de notre chiffre d’affaires sera généré par les services, avec une part croissante du digital.
Planète
Le digital nous aide à consommer moins. Travail à distance, optimisation des usines pour polluer moins ; les outils digitaux nous permettent de mesurer, maîtriser notre consommation de ressources essentielles et de moins polluer.
Personnes
Le digital est un droit pour tous. La transformation digitale facilite la vie des collaborateurs au travail et améliore leurs performances. De la formation à la production ou encore la relation client, cette amélioration doit profiter sans discrimination à toutes les activités de l’entreprise.
La transformation digitale modifie profondément la manière d’appréhender les activités de l’entreprise. Michelin organise, depuis trois ans, la Digital Week. Quels sont les objectifs de cette manifestation ?
La transformation digitale est une question d’état d’esprit plus que d’outils et de technologies.
Aurélie Morel
Elle implique 95 % de ressources humaines et seulement 5 % de ressources techniques. C’est pourquoi il nous a semblé essentiel de créer un événement pour expliquer et mobiliser les collaborateurs de façon simple et compréhensible par tous.
La Digital Week poursuit deux objectifs majeurs :
- Informer et former en faisant intervenir les acteurs du changement et en présentant des cas d’usage. Les thèmes abordés couvrent l’ensemble du terrain de jeu de la transformation digitale.
- Réunir tous les collaborateurs, dans toutes les activités et les pays du groupe, pour s’approprier, ensemble, le temps d’un moment fort, les concepts et les outils de la transformation digitale.
C’est un événement mondial conçu pour être 100 % à distance. L’édition 2021, qui s’est déroulée en fin d’année, a réuni plus de 6 000 participants sur près de 20 conférences (et 1 cérémonie Digital Awards pour récompenser les initiatives en faveur de la digitalisation du Groupe) proposées par plus de 90 intervenants.
Globalement, vous avez cherché à optimiser le budget pour atteindre les objectifs de l’événement sans faire de sur-qualité. Quels sont les enjeux de cette manifestation en termes de durabilité ?
La Digital Week n’a pas été pensée comme un événement mais comme un outil.
Aurélie Morel
Les contenus produits alimentent une plateforme disponible tout au long de l’année et accessible à tous. Cette dernière constitue une ressource dynamique et exhaustive sur la transformation digitale pour nos collaborateurs dans le monde entier.
La durabilité a été également intégrée dans la production des contenus et de la plateforme. Les outils de communication ont été développés avec l’ambition de minimiser leur impact sur l’environnement. Le site web a été conçu dans le respect de la charte de communication « digital durable » du groupe : choix typographiques, poids des images, mode sombre… L’accessibilité correspond au niveau de certification AA. L’accès s’effectue avec une authentification unique. Et bien sûr, nous n’avons émis aucun support print.
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Quatre mois après l’événement, nous enregistrons plus de 700 nouveaux inscrits sur la plateforme. Cette fréquentation exprime clairement le besoin de ressources pérennes et pédagogiques sur le sujet de la part de nos collaborateurs.
Ce type d’événement mobilise d’importantes ressources humaines. Vous affirmez que le digital vous a permis de prendre soin des autres. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?
Organiser une Digital Week relève du marathon. Nous avons travaillé sept mois pour organiser l’édition 2021. Il faut tenir la distance ! Les équipes étaient constituées de collaborateurs aux quatre coins de la planète et de partenaires techniques externes. Au total, près d’une centaine de personnes ont participé à la production de l’événement, sans compter les speakers et les témoins sur les cas d’usage.
Nous avons mis en place un management collaboratif, des méthodes de co-construction qui prennent en compte le bien-être des collaborateurs, et permettent à chacun de trouver son rythme. La gestion de projet a favorisé les bons réflexes : éviter les mails, partager l’information à un seul endroit et la rendre accessible à tous, faire de la visio conférence quand c’est possible.
Donner le choix d’aller chercher l’information plutôt que de la subir est une manière de prendre soin des autres.
Aurélie Morel
En tant que chef d’orchestre de la Digital Week, quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?
La gestion de projet est une des facettes les plus passionnantes de mon métier de manager. Elle stimule l’esprit d’entrepreneuriat et permet d’exercer un management transverse. Je me suis récemment formée aux nouvelles manières de travailler ensemble (design thinking, co-création…). La conception et la production de la Digital Week m’ont permis de mettre en pratique ces concepts innovants qui s’appuient largement sur des outils digitaux.
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Plus globalement, le retour des participants est à la hauteur de l’investissement. Nous avons enregistré un très bon score de satisfaction (Net Promoter Score 41).
L’enquête que nous avons menée fait apparaître un grand intérêt pour les contenus mais aussi pour l’expérience digitale. La plupart des intervenants comme les maîtres de cérémonie étaient des employés de Michelin. Cela a donné une dimension humaine à cette manifestation 100 % digitale. Cette valorisation des compétences s’inscrit dans une logique de durabilité qui a été particulièrement appréciée.
Cette deuxième édition nous a par ailleurs confirmé que nous avions atteint notre objectif pédagogique. Les collaborateurs sont aujourd’hui les acteurs de la transformation digitale dans toute l’entreprise. Cela réoriente la vocation de la manifestation.
Il y aura certainement une édition 2022 de la Digital Week mais tout reste à construire et c’est très stimulant !
FOCUS DIGITAL WEEK 2021
40 heures de live
6 000 participants sur 5 jours
90 intervenants
20 keynotes
30 use cases
1 cérémonie Digital Awards
1 équipe de 10 collaborateurs mobilisées pendant six mois
10 partenaires externes
Le + Magamo pour Michelin
- Guidelines éditoriales et vidéo à destination des équipes communication
- Cadrage des conférences (sujets, angles, messages clés, etc.)
- Interview des intervenants de différents pays
- Rédaction des speechs en français et en anglais
- Production de scripts vidéo
- Rédaction d’articles pour le site web dédié
- Coaching des intervenants à la prise de parole